Débat sur le théâtre et le roman

Appel aux romanciers pour écrire des textes dramaturgiques
L’espace M’hamed Benguettaf du TNA, a abrité, jeudi 29 décembre 2022, une rencontre, axée sur le rapport du roman au théâtre.
 L’écrivain et critique littéraire Waciny Laredj révèle que la crise de la dramaturgie est  survenue  en Algérie dans les années 1970. “Le théâtre algérien souffre, encore aujourd’hui, d’un manque d’auteurs de textes. Je propose que le ministère  de la Culture et des Arts répertorie tous les textes de théâtre écrits en Algérie. Il est primordial de rassembler ces textes et de les publier afin de les mettre à la disposition des intéressés et du public”, a-t-il dit.
Il souligne que l’adaptation d’une œuvre au théâtre est un projet qui repose sur la propre imagination du metteur en scène qui fait revivre le texte.  “Le metteur en scène ne voit pas dans le texte une narration mais un défilement de scènes.  Le travail d’adaptation est harassant. Il faut rendre hommage aux adaptateurs et aux metteurs en scène. C’est grâce à eux que le texte devient en mouvement sur scène, en donnant vie à des personnages. Quand le spectateur rentre dans la salle, il oublie le roman et se concentre sur la pièce», a-t-il noté.
Waciny Laredj se dit fier de constater que sept de ses romans ont été adaptés au théâtre. “Je ne m’immisce pas dans le travail de celui qui adapte mes textes. Cependant, un débat peut avoir lieu entre l’auteur et le metteur en scène. Si l’auteur  inscrit son œuvre au niveau des droits d’auteurs pour le protéger, le metteur en scène et le réalisateur, ont eux  aussi le droit de le faire”, a-t-il dit.  
Pour le  metteur en scène le Mourad Miliani,  le manque de textes dramaturgiques en Algérie a engendré le recours à l’adaptation des romans.  Mourad Miliani a adapté, entre autres,  la pièce «Les femmes de Casanova » du roman éponyme de Waciny Laredj.
Selon lui, l’adaptation d’un roman est d’abord  un coup de cœur et “non pas se faire une réputation en travaillant sur l’œuvre d’un auteur connu”. Il avoue qu’il ne maîtrise pas tous les concepts du théâtre, cependant il promet de les détenir d’ici quelques années, après des études.
“Avant d’adapter, je lis le roman deux ou trois fois, je me documente ensuite. Je laisse une distance  de deux mois entre le roman et moi. Après l’écriture du scénario, je demande conseil à des académiciens.  Et au bout du troisième jet, je donne le texte au metteur en scène. On ne peut pas être fidèle à l’œuvre en elle-même. Je regrette que de très beaux textes de la littérature algérienne sont en train d’être adaptés à l’étranger”, a-t-il relevé.
De son côté, l’auteur Saïd Boulmerka est revenu sur sa passion pour le théâtre depuis l’âge de dix ans.  “Je n’adapte pas que le texte mais la rythmique, l’idée. Dans l’expression de la dramaturgie, je mets également l’accent sur  l’approche socio-culturel algérienne. J’ai traduit  plusieurs textes classiques dont, entre autres, les «Fables de la fontaine » et « Tartuffe »  de Molière”, a-t-il précisé.   La « Un  été Africain”, mise en scène par Karim Boudechiche,  a été adaptée par Said Boulmerka du roman de Mohammed Dib.
 De son côté, le metteur en scène Ali Djebara révèle  que toutes les pièces qui lui ont plu sont des adaptations. Les personnages l’ont marqué avant de se lancer dans l’adaptation. Lui aussi reconnaît qu’il n’y  pas de textes de dramaturgies alors que nous avons de belles plumes algériennes. Il souhaite que les romanciers algériens se lancent dans l’écriture des pièces de théâtre. “Nous avons constaté qu’en adoptant certains romans au théâtre comme ceux d’Amin Zaoui ou Waciny Laredj, le public qui est venu à nos spectacles est allé acheter ces romans”, a-t-il noté.

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