Nesrine Belhadj.Comédienne

« Je suis sensible à la condition de la femme»

Nesrine Belhadj est une comédienne appréciée et applaudie par le public à chacune de ses prestations. Elle participe à la 14ème édition du Festival national du théâtre professionnel (FNTP) avec « Tayoucha », un  one woman show présenté en Off.

Quand le texte de « Tayoucha” a-t-il été écrit ?

« Tayoucha» est un texte écrit en 2013, resté dans le tiroir pendant longtemps. Je puise dans l’actualité mon inspiration, et celle-ci évolue au rythme des événements qui marquent notre quotidien. Donc, au fil des années et à chacune de mes représentations, j’effectue un travail de réécriture. J’adapte le texte au moment présent, je réactualise.

Qui est Tayoucha ?

« Tayoucha » est une femme sans domicile fixe (SDF), et l’idée de faire une pièce vient d’une expérience que j’ai vécue. Un jour, j’ai rencontré une femme sans domicile fixe, et quand je suis allée lui parler, elle m’a dit qu’elle n’a pas été toujours SDF, que la vie a mal tourné pour elle, qu’elle était une femme d’un certain statut social, une intellectuelle. Son histoire m’a vraiment touchée. C’est à partir de  là que j’ai commencé à écrire « Tayoucha. ».

« Tayoucha » est une kyassa (masseuse). Pourquoi un tel choix ?

La symbolique de son métier, c’est qu’elle passe son temps à nettoyer les gens, à frotter leur peau pour leur ôter la saleté, alors que ses soucis sont plus considérables et plus importants que leurs saletés.

« Tayoucha » nous rappelle « Fatma » que vous avez jouée en 2005…

Il est vrai qu’il y a une ressemblance entre  les deux pièces dans le fait que dans l’une comme dans l’autre je traite de la condition de la femme, de sa misère et de ses souffrances, de l’injustice et du  rejet qu’elle subit de la part de la société. J’y aborde des questions de femme. Car cela me tient beaucoup à cœur. Je suis sensible et attentive à la condition de la femme. Je prête dans chacune la voix à la femme pour qu’elle puisse parler et exprimer son ressenti et dire sa situation. Contrairement à « Fatma » qui est un monodrame, « Tayoucha » se déroule sur le ton de la comédie. Le texte est construit sur l’humour et la dérision.

Parlez-nous du choix du nom de « Tayoucha »…  

J’ai toujours des difficultés quant au choix du titre de la pièce ou du nom de mon personnage. Quand  il s’agit d’en choisir un, je suis obligée de faire des recherches sur la question. Le choix de « Tayoucha » vient du fait qu’autrefois, dans l’Est algérien, les gens appellent leur fille « Tayoucha » ou leur fils « M’tayache », c’est pour leur éloigner le mauvais œil et prévenir contre un malheur susceptible de toucher leurs enfants. Cela c’est sur le plan mythologique et de la superstition, mais d’un point de vue sémantique ou symbolique dans le théâtre, cela veut dire une personne marginalisée, exclue.

Y.I

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