La pièce « Hallaq ichbilya » Sous les fenêtres de Séville

La pièce de théâtre « Hallaq ichbilya », adaptée de « Le Barbier de Séville» du dramaturge et écrivain français Beaumarchais (1775), a été jouée, jeudi 28 décembre 2023, dans le cadre de la compétition officielle du 16ème FNTP

Produite par le Théâtre régional Azzeddine Medjoubi d’Annaba, la pièce, mise en scène par Habel Boukhari, transporte le public dans l’univers plein d’intrigues du 18ème siècle tout en insufflant une énergie contemporaine. Les thèmes universels du désir et de l’amour sont explorés dans cette adaptation, faite par Saida Fassi, qui a su conserver l’essence du classique tout en apportant des touches d’originalité

Le spectacle relate, dans un registre comique l’histoire d’un seigneur, le comte Almaviva (Oussama Djerourou), qui souhaite conquérir le cœur d’une jeune femme, Rosine (Hadjer Guermit), placée sous la tutelle d’un tuteur ambitieux, le médecin Bartholo (Ouddini Mohamed Cherif), à Séville, en Espagne. La complexité des relations sociales se dévoile alors que Figaro, incarné par Attef Karim, un ancien valet du comte Almaviva, et, désormais barbier à Séville, s’immisce dans cette intrigue

Figaro et Almaviva  bénéficient de l’aide discrète de Don Bazil, professeur de musique, pour rapprocher Rosine du comte et accélérer sa libération de l’emprise de Bartholo. Malgré la surveillance étroite de ce tuteur, elle brave les obstacles, exprime le désir de connaître l’identité de cet amoureux secret qui captive son cœur (le comte se cache sous le nom de Lindor, un étudiant)

L’utilisation du langage dialectal d’Annaba confère une authenticité supplémentaire à la pièce, offrant une immersion dans la culture locale tout en conservant la portée universelle du récit. Les dialogues, ponctués d’humour, de lyrisme et d’ironie, contribuent à la richesse narrative de la pièce, soulignant les nuances des relations sociales entre les personnages. Le recours à la danse et à la musique, un mélange du malouf et du flamenco, a donné de l’intensité au spectacle. Kamel Benani a apporté une touche délicieuse à la pièce

La scénographie, conçue par Habel Boukhari, a recréé l’esthétique du 18ème siècle, elle transporte le public dans un monde où l’architecture arabo-musulmane se marie harmonieusement avec des éléments artistiques mauresques. Un travail soigné a été fait sur les costumes

Au cours du débat qui a suivi la représentation, l’universitaire et critique Lakhdar Mansouri a souligné la profondeur de la pièce en affirmant que « ce spectacle demande de nous une réflexion   Il a ajouté :  Le metteur en scène nous incite à l’amour, au pardon et à nous rapprocher de la nouvelle génération. Cette pièce répond aux attentes du public algérien, comme en témoigne la séduction manifeste du public qui a suivi avec intérêt ce texte de Beaumarchais

Cependant, Lakhdar Mansouri n’a pas hésité à évoquer les aspects critiquables de la mise en scène. Il a pointé du doigt des erreurs telles que la sortie des comédiens de la scène et l’absence d’un rythme adéquat au début de la pièce

En dépit de ces observations critiques, Lakhdar Mansouri a plaidé en faveur d’un espace de représentation plus étendu à travers le pays pour ce genre de théâtre classique revisité. Il a souligné l’importance de promouvoir et de pérenniser ce patrimoine artistique, appelant à une plus grande accessibilité pour le public afin d’encourager une compréhension plus approfondie du théâtre classique et de ses valeurs intemporelles

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