Fouzi Benbrahim. Metteur en scène et comédien : Seules l’esthétique et l’originalité feront la différence
Vous êtes membre du jury du Festival culturel national du théâtre professionnel. Quels sont les critères d’évaluation des productions théâtrales en compétition pour les différents prix
Beaucoup plus l’esthétique et l’intelligence de la chose. Cela veut dire celle artistique, technique. La maîtrise chez les faiseurs de spectacles. Le metteur en scène, le scénographe, le comédien…Et puis, le divertissement, le show. C’est le plus important actuellement dans la nouvelle vague ou tendance du spectacle dans le monde entier. Le spectacle moderne. C’est vrai que l’« idéologie » doit y être. En filigrane mais pas flagrante. Subtile, quoi.
Et ce qui est inédit
Oui. C’est un peu difficile de faire cela, maintenant. Parce que les productions théâtrales, ailleurs, nous ont dépassés. Cela ne veut pas dire que nous n’avons pas les idées. Effectuer quelque chose de nouveau qui n’a jamais été fait, c’est vraiment difficile. Mais seule l’originalité qui fait la différence. L’originalité veut dire maghrébine, africaine, algérienne, berbère, amazighe, sahraouie…C’est cela qui va faire de votre spectacle une œuvre originale et nouvelle. Moi, j’ai essayé de réaliser ça dans plusieurs de mes spectacles. J’ai travaillé sur l’originalité du patrimoine algérien à travers une approche modernisée. Si on le transmet tel qu’il est, il ne passera pas vraiment parmi ou chez les jeunes. Il faut lui donner une touche. Cela ne veut pas dire « bousiller » le travail. Non, faire émerger l’aspect technique. Un recours à de nouvelles techniques pour bien présenter notre culture et notre patrimoine.
Le théâtre, se porte bien ? Une amélioration, une régression
Malheureusement, une régression énorme. A tous les niveaux. La cause ? L’administration est en train de détruire tout ce qui est artistique. Et la faute nous est imputée, d’un côté. Nous les artistes, nous ne sommes pas réunis, unis. Nous n’avons pas pu dire : « non ! », ensemble. Cela est difficile.
Pourquoi
Il y a parmi les professionnels, ceux qui se sont retirés. Et se retrouvent à exercer un autre métier. Cette situation incombe à l’administration. C’est par rapport à une volonté politique. On ne veut pas que l’art en général, le théâtre, le cinéma ou la télévision ait un podium pour le peuple. Une tribune pour parler et s’adresser au peuple. L’imam a son podium, les hommes politiques ont le leur, les commerçants aussi…Mais l’artiste possède son podium mais il est tenu à l’écart et on l’éloigne de cet espace.
Quelle serait l’urgence
Il faut revoir beaucoup de textes régissant le métier d’artiste. Il faut de toute urgence légiférer sur le texte, la loi portant sur le statut de l’artiste . Permettant à celui-ci de créer un syndicat.
K.Smail