Mohamed Karim Assouane, universitaire et auteur

« Pour Boudia, l’action militante faisait partie d’un travail de scène»

Homme de théâtre, résistant et militant politique algérien, Mohamed Boudia était deux personnages en un
Boudia c’est plusieurs personnages en un seul. Il n’a jamais dissocié l’action théâtrale de l’action politique, notamment lorsqu’il s’agissait de la cause nationale. Pour lui le théâtre a été un élément culturel de combat pour l’identité nationale, pour l’indépendance et l’affirmation de cette personnalité pluriculturelle que nous avons. Mohamed Boudia a toujours soutenu l’idée de penser en algérien, que nous avons un pays très riche sur le plan de la culture populaire et de la culture historique, que nous devons de ce fait nous y mettre pour l’explorer et l’enrichir.

?Boudia est resté une personnalité méconnue du grand public, pourquoi, selon vous

D’abord c’était quelqu’un de très discret sur un plan éthique et moral, à travers les témoignages notamment de ses enfants encore de ce monde et ceux qui l’ont connu, soit au niveau de la Fédération de France du FLN soit durant son exil politique. Ou à travers les témoignages de palestiniens qui l’ont côtoyé durant la lutte anti sioniste des années 1970 en France ou en Europe. C’est la personnalité aussi de cet homme pas comme les autres qui a joué un rôle majeur. Pour Boudia, l’action militante et combattante faisait partie d’un travail de scène, que le grand théâtre n’est pas uniquement le TNA ou le fameux théâtre Billancourt qu’il dirigeait mais le grand théâtre c’était bien la société et le monde

Ne croyez-vous pas que le théâtre de résistance en Algérie n’a pas eu la consistance qu’il devait avoir en rapport avec l’Histoire du pays

Il y a eu quand même des tentatives qu’il ne faudrait pas occulter de notre mémoire. Ne pas céder justement à la culture néo-colonialiste qui nous a été léguée et qui nous pousse irrémédiablement à vouloir tout effacer. Nous avons un important patrimoine, si nous remontons l’Histoire les premières leçons qui nous ont été données par cette manière de lier l’action politique à l’action culturelle à travers le théâtre en tant qu’un art majeur me fait penser par exemple à l’Émir Khaled. Ce dernier a commencé dès les années 1910 à s’intéresser au théâtre et à en faire un porte-voix de revendication politique. L’Émir khaled est de la première école et c’est dommage que ses écrits d’ordre politique et culturel sont méconnus

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