Débat : du numérique et de la science dans le théâtre

A la faveur du 15 ème édition  du festival national du théâtre professionnel, la salle M’Hamed Benguettaf du TNA, a abrité dans la matinée du 26 décembre 2022, une conférence sur la numérisation du théâtre algérien et sur  le théâtre scientifique.
L’universitaire Wahiba Salhi de Béjaia a axé son intervention sur la place du numérique dans le théâtre arabe en citant l’expérience de l’irakien  Imad Khafadji.
“Le théâtre numérique demeure un nouveau type de représentation. Ce théâtre repose sur une forme différente de la créativité, cherchant à profiter de la nouvelle technologie. De même à utiliser les éléments numériques avec les éléments techniques dans le domaine des illusions d’optique, de l’image et des effets audiovisuels.  Des paramètres qui ne peuvent se faire sans l’apport d’internet”, a-t-elle précisé.
Pour elle, le texte numérique théâtral doit être équipé pour être affiché avec des liens et des images. “De plus, il doit être ouvert afin que le destinataire se retrouve à l’intérieur du texte et ce, en utilisant des techniques à la pointe de la technologie, à l’image des hologrammes et des images tridimensionnelles. Cela donne, sans conteste, une image vivante au texte», a-t-elle noté.
Selon Wahiba Salhi, le monde arabe ne détient pas  un texte ou un théâtre numérique, sachant qu’il y a eu des expériences timides dans  ce sens avec Mohammed Hussein Habib avec la pièce   « La vie est meilleure » de l’algérien Hamza Qureira.  “Même si le  théâtre numérique reste  une nouvelle scène à investir”, a-t-elle dit. Et de poursuivre: « le théâtre numérique utilise des éléments et des outils numériques pour construire un spectacle théâtral interactif tiré du théâtre occidental, leader dans le domaine ».
Le metteur en scène  Mahfoud Fellous  a, pour sa part, abordé la question du théâtre scientifique. Ce cadre supérieur de la Jeunesse et des sports a occupé plusieurs postes de responsabilité durant une quarantaine d’années dont celui de directeur de la cité  des sciences en 1997. Il s’intéresse au  théâtre scientifique depuis 22 ans.  Il  rappelle, fièrement, qu’il  a  lancé le  premier club d’astronomie en 1982 alors “qu’à l’époque, il n’y avait pas d’activités scientifiques en Algérie”.
« En créant le club d’astronomie, on s’est rendu compte que le concept d’activités scientifiques ne  correspondait pas aux activités qu’on faisait. On est allé chercher un autre concept qui est celui de la culture scientifique. J’ai découvert qu’il y avait d’autres concepts et plusieurs définitions de la culture scientifique », a-t-il noté.
“En Allemagne, il  n’y a pas de culture scientifique mais une  culture environnementale. En France, la culture scientifique est en nette évolution. En Algérie, on s’est rendu compte qu’on se trompait un peu sur la définition de ce concept. Malek Bennabi a donné une définition scientifique de la  culture. Pour lui,  la culture est basée sur quatre éléments: l’éthique, l’esthétique, le pragmatisme et la technique. Pour Bennabi, la science est le quart de la culture. On s’est un peu basé sur ce concept mais avec le mot culture, les gens pouvaient ne pas comprendre. On a fait des recherches et nous sommes tombés sur l’alphabétisation, un concept américain ».
Mahfoud Fellous a expliqué que chaque américain doit avoir un bagage minimum pour être citoyen. “Les Américains ont crée une valise pédagogique. Dans cette dernière, nous avons par exemple, 400 concepts  que tous les Algériens doivent connaître, comme OGM, réchauffement climatique, ozone, insémination artificielle, etc ». Toujours selon lui, la culture scientifique anglaise est réservée aux professionnels tandis que dans les pays du Maghreb, elle est réservée aux élites. “Dans les années 82, l’Algérie était le seul  pays où les clubs scientifiques étaient ouverts à tout le monde”, a-t-il noté.
Mahfoud Fellous a estimé que l’objectif du théâtre scientifique est d’utiliser le théâtre pour vulgariser ses concepts scientifiques. Il a rappelé avoir commencé la vulgarisation de la science à travers une série de pièces théâtrales dont, entre autres, « El Mouchtari », « Atomos »,  « Mizane El  Ghaba », « El kousouf », «Nemesis », «Takhti Rassi » et «Tchipa Bank ».

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