Le spectacle ῎Nestenaw fel hayt῎ Une société en quête de sens

La pièce ῎Nestenaw fel hayt῎ (nous attendons le mur), drame social existentiel traitant d’une société en quête de sens, est entrée, lundi 15 mars,  en compétition au 14e Festival national du théâtre professionnel (Fntp), devant un public nombreux, tenu au respect des mesures d’hygiène sanitaire en raison de Covid 19.

Accueilli au Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi (Tna), ῎Nestenaw fel’hayt῎, pièce inscrite dans le registre du théâtre de l’absurde, a été mise en scène par Halim Zeddam sur un travail tiré des textes, ῎En attendant Godot῎de l’iralandais Samuel Beckett et de l’espagnol ῎Fendo et Lis῎ de Fernando Arrabal.
Sept comédiens, Oussama Chelagha, Salah Eddine Khaldi, Okba Bouafia, Aissa Feratsa, Fares Ben Abderrahmane, Imad Eddine Abdeslam et Choukri Amari, venu à la rescousse en remplacement de Salah Eddine Belmahdi, disparu l’année dernière et à qui ῎le spectacle est dédié῎, ont dressé un constat amer sur la réalité vécue où l’absence de sens et de perspectives d’avenir sème le désordre et le désarroi dans la société.

Un travail d’atelier

Fruit d’un atelier de formation, dirigé par le metteur en scène durant huit mois, le spectacle, d’une durée de près d’une heure, rend les tourments d’un groupe d’individus, aux allures égarées et vivant dans l’incertitude, en attente -nulle part- d’un train qu’ils ne prendront jamais.
L’absence de perspectives, symbolisé par trois personnages attachés les uns aux autres,  se contredisant tout le temps et refusant d’aller dans le même sens, la soif de s’exprimer librement, suggéré par un personnage clownesque au nez rouge, muselé et tenu en laisse par son maître, ne se déplaçant qu’accompagné d’une ambiance musicale de cirque, sont autant de situations appuyant l’idée de la nécessité d’un changement salutaire.
Evoluant à l’arrière et au centre de la scène, les comédiens, dont c’est le premier spectacle professionnel, ont su porter la densité du texte et ont brillé dans des rôles pleins, aux échanges courts et énigmatiques, alternés par des silences interrogatifs, révélateurs d’un égarement profond.

Une scénographie minimaliste

La dualité dans le titre entre la résilience à attendre qui nourrit l’espoir et l’idée du mur qui n’offre aucune issue, met en valeur l’urgence d’engager une réflexion sérieuse pour mettre du sens dans la vie et aller vers la lumière.  
La scénographie minimaliste mais hautement significative, a consisté en un véritable théâtre des choses, avec une lune comme seul repère temporel renvoyant au noir de la nuit qui symbolise le repli sur soi et l’absence de vision, et un arbre aux branches dures disposé à l’envers, avec des racines orientées vers le haut et une ramure dur pondant vers le bas, renvoyant à l’absence du sens dans la vie.   L’éclairage, parfois latéral a tracé le trajet du train attendu par les personnages, et tantôt vertical, puissant ou feutré a mis en valeur l’intensité des dialogues, dans une trame, à première vue inaccessible.
La musique a été d’un grand apport au spectacle, illustrative pour les scènes burlesques et planante et relevée lorsqu’il s’est agi de souligner un moment important de la trame à méditer, à l’instar du célèbre arpège de guitare des Pink Floyd dans, ῎Is There Anybody Out There῎,  qui renvoie au titre du spectacle et à la thématique de l’attente.
Le public, tenu en haleine durant tout le spectacle, a salué les comédiens, par un torrent d’applaudissements. Distinguée en 2020 au 12e Festival culturel local du théâtre professionnel de Guelma, la pièce de théâtre ῎Nestenaw … fel… hayt῎ a été produite par l’association culturelle ῎Numidia῎ de Bordj Bou Arreridj.

Z.C

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