Débat au 16ème  FNTP: Les femmes au théâtre, au-delà des planches

Une rencontre portant le thème « L’empreinte de la mise en scène féminine dans le théâtre algérien » a été organisée, le mercredi 27 décembre 2023, dans le cadre du 16ème FNTP. Abritée par l’espace M’hamed Benguettaf du Théâtre National Mahieddine-Bachtarzi (TNA), le débat modéré par Fariza Chamakh, et animé par les universitaires Djamila Mustapha Zegaï, Nesrine Benmohammed Mahieddine et les metteuses en scène Lynda Sellam et Chahinez Neghouache, s’est centré sur les défis auxquels les femmes sont confrontées sur les planch

Sonia, la dame du théâtre algérien

Il faut, selon Djamila Mustapha Zegaï, faire une différence entre le théâtre féminin et le théâtre féministe. “Il faut illuminer le théâtre du genre, car cela n’existe pas, car la femme peut écrire et parler de divers sujets comme un homme peut le faire », a-t-elle dit. Elle a cité des artistes ayant soulevé des questions politiques et anthropologiques, s’éloignant ainsi de la vision étroite de la société sur les affaires féminines. « Beaucoup de femme des nouvelles générations ont pu trouver leurs places au-devant de la scène, à l’instar de Tounes Ait Ali, les deux sœurs Ait El hadj, Nesrine Belhadj », a-t-elle affirmé

« En Algérie, le théâtre féminin est riche en définition, chaque pièce étant unique à sa manière. C’est un domaine qui mérite d’être exploré davantage car il aborde des questions cruciales telles que le mariage, le divorce et les droits des femmes dans la société », a-t-elle ajouté.

L’universitaire a ensuite rappelé les expériences de Sonia, « la dame du théâtre algérien », dans des pièces telles que « Amam Aswar al madina » (devant les murs de la ville), « Thawrat Belahrech », « Les martyrs reviennent cette semaine », « Imra min warq » (une femme en papier) et « El djamilat » (les belles)

Il faut ouvrir la porte aux amateurs

La metteure en scène Lynda Sellam a partagé son expérience dans la mise en scène, soulignant l’importance des figures artistiques qui l’ont soutenue au début de sa carrière. Elle a évoqué sa collaboration avec le regretté artiste Sid Ali Kouiret, mettant en avant la confiance que Sonia lui a accordée
Lynda Sellam a parlé de ses débuts dans le théâtre pour enfants, évoquant son parcours et ses contributions avec la défunte Sonia Mekkiou. « En 2012, j’ai travaillé avec Sonia à Annaba, sur son spectacle « Les martyrs reviennent cette semaine », où j’ai été son assistante. Cela a été une très bonne expérience pour moi, car Sonia n’était pas le genre de personne autoritaire mais elle donnait une chance à ses compagnons », a-t-elle confié.
La metteuse en scène et actuelle commissaire du Festival culturel national de la production théâtrale féminine d’Annaba, dira qu’il faut  ouvrir la porte aux amateurs, “car ces jeunes doivent se former et de venir les professionnels de demain

La mise en scène, un défi sociétal

La metteuse en scène Chahinez Neghouache a partagé les nombreux défis auxquels les femmes metteuses en scène font face dans la société, exposant son expérience personnelle et la perception de la société à son égard. Neghouache a parlé du prix de la meilleure mise en scène qu’elle a décroché lors de la quinzième édition du 15e FNTP, expliquant que ce dernier est « une reconnaissance de la contribution des femmes au théâtre en Algérie

« J’ai entamé mon expérience dans les années 2000, ou la femme s’est beaucoup dirigée vers la télévision et le cinéma. Moi-même, j’ai tenté la télévision, mais je n’ai pas trouvé ma place, car le théâtre me parlait plus », a-t-elle avoué

Croire en la femme et lui faire confiance

La chercheuse et universitaire Nesrine Benmohamed Mahieddine a d’emblée évoqué les conditions des débuts des femmes par rapport à celles des hommes dans la mise en scène. Elle a parlé de la première femme à avoir monté une pièce de théâtre en Algérie : « Hamida Chellali est la première metteuse en scène qui a défié la société et sa famille pour faire du théâtre. Elle a suivi des études de deux ans à l’université internationale des arts dramatiques à Paris et à l’institut supérieur du théâtre à Nancy en France

La chercheuse a ensuite exposé des statistiques effectuées à l’Institut supérieur des métiers des arts du spectacle et de l’audiovisuel (Ismas), qui était à l’époque l’INADC (Institut national des arts dramatiques et chorégraphiques). « Entre 2000 et 2007, le taux de diplômées féminines était de 26%, ce qui représente le quart des étudiants ». Elle s’est ensuite interrogée sur la destination de ces femmes diplômées de cet institut, en ajoutant : « Il faut croire en la femme et lui faire confiance pour qu’elle puisse créer

Selon l’intervenante, entre 2004 et 2022, quand l’institut est devenu Ismas, le taux des étudiantes était de 22,7%, ce qui a diminué “alors que nous sommes en plein essor.  “Ce chiffre m’a étonnée. Pour le métier de scénographe, les femmes sont moins nombreuses. À l’Ismas entre 1999 et 2004, j’ai trouvé un taux de 75%, soit dans une classe de 4 personnes, trois sont des femmes. Sur le terrain, trois femmes font de la chorégraphie, alors qu’elles ne sont pas issues d’un tel institut », a-t-elle noté

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