Entretien avec le metteur en scène Chawki Bouzid

Un dramaturge accompli est celui qui est en harmonie avec son être

En marge d’une conférence avec les metteurs en scène primés au Festival National du Théâtre Professionnel, Chawki Bouzid revient sur ses sacres dans les différentes éditions du festival et à d’autres événements culturels nationaux et internationaux.

Parlez-nous de vos couronnements au Festival National du Théâtre Professionnel

La première distinction dans mon parcours, je l’ai obtenue en 2004 en Jordanie, avec le spectacle “Media Seven”, suivie, en 2006 du prix de la meilleure scénographie, dont j’étais le concepteur dans le spectacle “L’Empereur”, ensuite le prix de la meilleure mise en scène que j’ai obtenu en 2016 au Festival National du Théâtre Professionnel avec la pièce “Mouss ou Sarama, montée sur un texte de Mohamed Ben Bedida, traité sur le plan artistique par  l’écrivain Aberrezak  Boukebba. Le spectacle raconte l’histoire de “Mouss ou Sarama”, une belle femme de la tribu des Tutsis, aimée par un homme issu de celle des Hutus en conflit avec son frère.  Affecté par l’occupation occidentale du continent, le frère tutsi décide alors, dans un premier temps, de changer le teint brun de son visage lui donnant une texture blanchâtre, avant de se rétracter pour retrouver finalement sa nature première et répondre en suite à l’appel sacré de la Patrie en s’engageant dans un large mouvement révolutionnaire qu’il dirigera dans le but de libérer l’individu et le lieu.

Qui en a assuré les différents rôles

Une pléiade de jeunes comédiens a tenu les différents rôles, Hicham Gargah d’Oum El-Bouaghi, le regretté Moussa Lakrout de Sidi Bel Abbas, Madjid Kouiten de Batna, Mohamed Mostefai, Fethi Mebaraki, Nabil Tahar Megherbi, Mohamed Said, Ali Hartani, Khalil Jebbari, Iman Bouri et Asma Cheikh de la ville de Saida.

A votre avis, quel impact devrait avoir une distinction au FNTP sur le parcours artistique et la vie en général d’un metteur en scène primé

Je voudrais d’abord dire et faire remarquer, dès le départ que les distinctions n’ajoutent rien à la valeur de l’artiste, les choses  continueront d’être ainsi tant que les mentalités n’évoluent pas. La joie que génère une distinction, ne dépasse pas la semaine et c’est déjà le retour à la vie ordinaire avec ses aléas et ses travers.

De  même pour les spectacles primés dont l’écho ne dépasse pas la durée du festival, quant aux théâtres qui se charge de produire les spectacles primés, aucune subvention supplémentaire ne leur est accordée et les personnages des pièces primées ne bénéficient d’aucune considération, ce qui devrait normalement pousser à tout revoir pour pouvoir espérer un jour, développer notre théâtre et mettre à profit les capacités créatives de nos auteurs dramatiques.

Racontez-nous vos débuts artistiques

Les débuts de Chawki Bouzid et son entrée dans le monde du théâtre ont été avec le comédien, metteur en scène et dramaturge Omar Fetmouche au théâtre de Batna, ce qui m’a permis également de me frotter à de nombreuses grandes figures théâtrales qui ont influencé ma carrière et forgé ma personnalité artistique, restée en parfaite harmonie avec l’homme ordinaire que j’ai toujours été, modeste et  fidèle à mes valeurs et à mes orientations premières, que je gagne des prix ou non, Je donne mon avis à voix haute quel qu’en soit le prix dans ma vie quotidienne ou professionnelle.

À votre avis, quelles sont les caractéristiques d’un dramaturge accompli

Un dramaturge accompli est celui qui est en harmonie avec son être, fidèle à lui-même, aux personnes avec lesquelles il travaille et à son public. Le plus beau sentiment qu’un artiste puisse ressentir, est certainement celui de voir qu’il a réussi à faire passer son message à son public, avec qui il interagit, tenant compte de sa réaction positive et de ses appréciations encourageantes sur le travail qu’il rend sur scène.

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