Pièce “Laabat El Arch” du Théâtral régional de Guelma Le roi veut s’amuser dans un Royaume en péril

La pièce “Laabat El Arch”( le jeu du trône) mise en scène  par Abbas Mohamed Islam et produite par le Théâtre régional de Guelma, en compétition au Festival  national du théâtre professionnel se déroulant du 11 au 21 mars au TNA, a séduit le public.
Trois coups de théâtre!  Le rideau se lève et dévoile un écran noir, de fumée entourant  un spectre royal, un trône, un bourreau, deux  odalisques, de jeunes favorites, des courtisanes,  des chiens qui hurlent à la mort…Le décor est planté dans  un univers crépusculaire.  Le roi, torturé, se lamente, son palais est devenu une tombe. Il se distrait dans son harem. Dans une danse extatique encensée. Entre ces sautes d’humeur massacrantes, une révolution de palais  couve. Le royaume est en péril.  Le pouvoir peut changer de main. “Laabat El Arch” (le jeu du trône), une adaptation d'”Escurial” de Michel de Ghelderode par Rabah Houadef, est revisitée à travers empreinte stylisée et personnalisée. Le public averti, a décelé une ambition dans la réplique algérienne de Guelma par rapport à celle belge et francophone. Réaction? Des ovations par intermittence.

L’amour impossible d’un roturier

“Laabat  El Arch” est une cour royale qui se transforme en cour des miracles où les intrigues, les couteaux tirés, les bûchers des vanités, les trahisons, rivalisent en cruauté. Ça complote, ça fomente, ça trame, ça jalouse et ça convoite le pouvoir. Entre laudateurs, serviles et complimenteurs. Rarement contradicteurs.  En faisant fi des valeurs humaines et abstraction de l’aphorisme de Blaise Pascal:”le cœur  a ses raisons que la raison ignore.”. Il s’agit d’un amour impossible. Entre un roturier, de surcroît bouffon du roi, s’étant épris d’une personne au sang bleu, la souveraine, malheureusement agonisante. La vie de la reine lui est précieuse. Elle compte beaucoup pour lui. Et c’est cet amour, cette liberté, cette  absence sublime et subliminale de la reine qui confère à la pièce son omniprésence. Et elle y brille.  Mais l’argument de “Laabat El Arch” est ce jeu de rôles. L’échange de rôles. Celui des chaises musicales. Où le roi ordonne au bouffon de le faire rire. Il n’obéit plus. Le bouffon est la conscience.

La vérité crue 

Il ne fait plus rire, décoince les zygomatiques. Il balance la vérité crue et âpre à la face de son seigneur. Il  ne veut ni se réjouir ni se gausser de la mort imminente de la reine, son amante.  Le roi est nu. Pas de vivats pour le roi. Le clown devient sultan et celui-ci, bouffon. Une situation surréaliste et ubuesque. Celui qui régentait ses sujets, n’est plus adoubé, il est le vassal du baladin. Il ose même parler de “hogra”(injustice). Un mot antinomique dans sa bouche. Un duo interchangeable, non pas une farce tragique mais d’une force tragique. C’est ce qu’ont prouvé les guelmois et royalement.

K.Smail

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