La pièce “El Djathoum” : Critique douce du patriarcat

Le Théâtre national algérien (TNA) a présenté, dans la soirée de jeudi 29 décembre, dans le cadre du 15ème FNTP, sa dernière production, « El Djathoum » (Paralysie du sommeil), mis en scène par Abdelkader Azzouz, sur un texte de Wafaa Braham-Chaouche.
La pièce s’ouvre sur un espace vide, point de décor, seule la vacuité envahit les planches, puis en arrière-fond de la scène, une porte s’ouvre et laisse apparaître les comédiens poussant une charrette. Il s’agit d’une scénographie mobile et fonctionnelle qui va être déployée tout au long de la représentation et assurer le déroulement métaphorique de la pièce. Les comédiens et les danseurs occupent graduellement l’espace scénique.
La scénographie n’est pas un décor proprement parlé mais juste un ensemble d’accessoires que les comédiens manipulent de manière habile pour donner à leur jeu plus de substance, de caractère et de relief ; des accessoires puisés dans le patrimoine dont l’emploi revêt une fonction symbolique ; chaque objet est porté par une sémiologie et que celle-ci renvoie à des expressions relevant du rituel, ou des figures mythologiques ; tous ces syntagmes soulignent le folklore vivant dans lequel évolue la pièce.
Les comédiens qui arrivent sur scène avec leur charrette sont pareils à des gouals, ces conteurs ambulants qui, allant d’un village à l’autre, racontent en formant une halqa des histoires et légendes tirées des temps lointains. Puisqu’à la fin de la représentation, en quittant la scène, ils repartent vers d’autres lieux et d’autres aventures, laissant la fin de l’histoire contée ouverte – c’est à chacun de la terminer selon son imagination, son intelligence.        
« El Djathoum » raconte l’histoire de Fouzia, une fille rebelle qui refuse de se plier à un mariage arrangé par Yamina, sa mère. Celle-ci veut la marier à Amghar, un riche et puissant chef de village. Fouzia défend son choix de refuser un mariage forcé avec celui qui va se révéler, plus tard, être l’assassin de son père et de tous ses prétendants, tels que Idir, le propre fils d’Amghar.
Au fil de la représentation, on constate qu’il y a de la rigueur dans la mise en scène, la direction des comédiens est pratique ; il y a également une maîtrise dans l’espace et l’émotion, un travail sur la lumière. Le jeu des comédiens s’est révélé consistant, performant et fluide. Et à aucun moment il n’y a eu un quelconque ressenti de monotonie.  La pièce critique le poids des anciennes croyances sur la société, la domination du patriarcat et célèbre la quête de liberté.

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