Sid Ahmed Agoumi : une légende vivante du Théâtre et du Cinéma Algériens

Né le 5 octobre 1940 à Bologhine, dans la banlieue d’Alger, Sid Ahmed Agoumi, Sid Ahmed Meziane de son vrai nom, règne en maître parmi les figures emblématiques du théâtre et du cinéma algériens. Son itinéraire artistique exceptionnel prend son essor dans les années 1960, inaugurant une carrière riche en performances artistiques mémorables.
Agoumi débuta sa carrière à l’insu de son propre père, qui voyait d’un mauvais œil les métiers artistiques. À la radio, il adopta le pseudonyme d’Agoumi, signifiant cavalier solitaire en tamazight, préservant ainsi le nom familial de toute énonciation à l’antenne. Ses premiers pas se firent à la radio et sur les planches théâtrales. Ce n’est qu’en regardant une pièce à la télévision que son père découvrit qu’il était comédien. En proie à la colère, il observa un silence glacial envers son fils pendant deux décennies, avant de faire la paix avec lui. Agoumi se distingua sur scène en participant à des pièces emblématiques telles que celles de Calderón de la Barca, de Bertolt Brecht, de Sean O’Casey, de William Shakespeare, de Kateb Yacine, de Mouloud Mammeri, Mohammed Dib et Mohammed Farrah.
Sa parfaite maîtrise des langues arabe et française lui ont donné une grande assurance sur les planches. Et c’est aussi naturellement qu’on admirait son jeu alors qu’il grondait, s’emballait, explosait, incarnant toujours un peu de son âme.
Il prêta notamment sa voix à des figures telles que Jean Sénac, Mouloud Feraoun, Rachid Mimouni, Benamar Mediene et Kateb Yacine (Nedjma). Récemment, il se produisit au Québec, au Canada, dans “Le Collier d’Hélène” de Carole Fréchette et dans “La Chute” de Biljana Srbljanović, où il incarnait le rôle de Slobodan Milošević.
Acteur pour le cinéma et la télévision, Sid Ahmed Agoumi joua dans une cinquantaine de longs métrages, dont “Z” de Costa Gavras, lauréat de l’Oscar du meilleur film étranger en 1969 (le seul Oscar donné au cinéma arabe à ce jour) , “Les hors la loi” de Tewfik Fares, “Moissons d’acier” de Ghaouti Bendedouche, “Le Moulin de M.Fabres” d’Ahmed Rachedi, “Layla, ma raison” du Tunisien Tayeb Louhichi, “Il était une fois dans l’oued” de Djamel Bensalah, “Morituri” de Okacha Touita et “Les invincibles” du Français Frédéric Berthe. Il figurait également au générique de “Zone interdite” d’Ahmed Lallem (1972) et “Kahla ou Beida” d’Abderrahmane Bouguermouh.
Sid Ahmed Agoumi fut également directeur de la Maison de la culture de Tizi Ouzou, du Théâtre de Annaba et de Constantine, du Centre de culture et d’information (CCI), supervisant les salles Atlas et El Mouggar à Alger, et enfin du Théâtre national algérien (TNA) à Alger.
Acteur polyvalent, Agoumi excelle dans l’interprétation de personnages comiques, tragiques et dramatiques. Sa maîtrise des textes classiques et contemporains lui confère une envergure artistique exceptionnelle.
Les distinctions n’ont pas tardé à saluer son génie. Il remporta le prix d’interprétation masculine au Festival international du film de Carthage en 1967 pour son rôle dans “La bataille d’Alger” et réitéra cet exploit au Festival international du film de Moscou en 1975 pour son rôle dans “Le vent des Aurès”.
Agoumi, monument de la scène algérienne, s’impose comme une référence incontestée du cinéma et du théâtre algériens.
Son influence sur la scène artistique déborde les frontières nationales, contribuant ainsi à la renommée internationale du cinéma et du théâtre algériens. Respecté par ses pairs et chéri par le public, Sid Ahmed Agoumi demeure une icône indétrônable de la culture algérienne.

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