Taht El Hissar , une ode révolutionnaire à la résilience algérienne

La représentation de “Taht El Hissar” (état de siège), à la 8e soirée du 16e Festival national du théâtre professionnel (FNTP) Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi à Alger,  a plongé le  public une nouvelle fois dans l’Histoire de la révolution algérienne. La pièce, d’une durée de 65 minutes, dirigée par Karim Boudechiche et adaptée d’un texte de Djamel Amrani, “Il n’y a pas de hasard”, paru en 1973,  portée pour la première fois sur la scène d’une théâtre à l’occasion du soixantenaire de l’indépendance , a exploré la résilience du peuple algérien face au colonialisme français. Le texte de Djamel Amrani a été traduit par Habib Sayah et réécrit sur le plan dramaturgique par Saïd Boulmerka

Le microcosme de la famille du docteur Mokrane a été le théâtre de cette conviction profonde et inébranlable qui a animé le peuple algérien pendant la guerre de libération. Chaque membre de la famille, engagé dans la résistance à sa manière, a incarné le siège intérieur de la lutte, dépassant même le siège physique imposé par l’armée coloniale

Au cœur d’une ville assiégée par les militaires français, les membres de la famille ont exprimé leur engagement total envers la cause nationale, malgré les moments de doutes et d’incertitudes

La pièce a souligné la grandeur des Algériens, mettant en lumière la discrétion nécessaire à toute action en faveur du mouvement national. La famille du docteur Mokrane, tout en vivant cette conviction, a également montré que la lutte pour la liberté engendre courage, loyauté et bravoure

Le docteur Mokrane, en apparence neutre aux yeux des notables coloniaux, était en réalité le chef de famille engagé, respecté par tous. Les membres de la famille, sans révéler mutuellement leur engagement secret, ont découvert avec fierté le rôle central du docteur Mokrane en tant que maître à penser du groupe de fedayins

Les performances remarquables des acteurs et actrices dont Djouhra Draghla, Saber Amior, , Abderraouf Boufenar, Racha Saadallah et d’autres, ont porté avec succès la densité du texte malgré quelques imperfections

La scénographie, l’éclairage judicieux et la bande son, sous la direction d’Abdeladim Khomri, ont contribué à créer des atmosphères évocatrices

“Taht El Hissar” a ainsi offert une plongée profonde dans les motivations internes des personnages, révélant les pulsions qui les ont poussés à l’avant, pour que l’Algérie puisse enfin vivre libre et indépendante

La pièce, produite par le Théâtre régional de Skikda, a reçu un accueil chaleureux du public alors que les critiques ont reproché au réalisateur un manque de concordance avec ce qu’ils appellent les «faits réels de la révolution». Ils ont aussi reproché au metteur en scène d’avoir utilisé le refrain de la chanson d’Edith Piaf (la foule). Les critiques ont aussi porté sur le jeu d’ acteurs et sur le recours abusif à la cigarette sur scène

Karim Boudechiche, le metteur en scène, a souligné avoir une nouvelle approche axée sur “l’aspect humain des fedayins algériens”, explorant le côté psychologique de la Révolution algérienne

Il a promis de rectifier ce qu’il a estimé lui aussi comme malvenu dans un théâtre professionnel. Il a indiqué qu’il avait voulu sortir des images clichés que l’on a des fedayins.  Quant à la chanson La foule, il dira « ce n’était qu’une chanson française notoire, en référence à la musique que mettaient les paras français pour couvrir les hurlements des nationalistes algériens durant les séances de de torture

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