Tounes Aït Ali . Metteuse en scène et comédienne

“Il faut donner des espaces aux coopératives de théâtre”

Tounes Aït Ali est une femme de théâtre très active sur le terrain. Elle est connue aussi pour ses rôles au cinéma et à la télévision. Mais c’est sur les planches qu’elle se retrouve le mieux et s’épanouit en tant qu’artiste. Elle nous livre ses impressions sur le rôle des coopératives dans le mouvement théâtral en Algérie.

Vous êtes une artiste engagée, et votre cause et combat  transparaissent  sur le terrain.

Il est vrai que je suis une fervente engagée notamment sur le plan artistique, mais mis à part ça, je suis une praticienne surtout sur le terrain. C’est vrai que mon engagement transparaît à travers le travail que je mène sur le terrain, et ce, par rapport à mes projets, parce qu’avant tout projet, il y a derrière toute une administration qui vous suit. Avant que je ne monte mes spectacles, il faut que je trouve la subvention, régler l’aspect administratif du projet en question. Ce côté administratif, moi je pense qu’il faudrait l’élargir, l’assouplir pour que, nous les artistes, sortions de cette assistance vis-à-vis le ministère de la  Culture. Il faut libérer le secteur de la culture financièrement parlant. Il faut s’ouvrir à d’autres institutions. D’autres ministères et d’autres partenaires doivent s’impliquer davantage dans l’action culturelle et soutenir la création artistique.

Que pensez-vous des coopératives ?

Il faudrait réfléchir afin d’exprimer sur une nouvelle et efficace façon permettant aux compagnies indépendantes d’évoluer et de se développer. C’est-à-dire pour qu’elles aient accès facilement et sans contraintes administratives ou juridiques, à des espaces indépendants. Il faut leur donner la possibilité de créer le cahier de charges, le registre de commerce pour pouvoir avoir cette liberté d’exercer pleinement leur métier d’artiste et de développer librement leur potentiel créatif. Aujourd’hui, le seul souci qu’une compagnie pourra, peut-être, avoir, c’est cet espace où elle ne pourra pas créer. Il faut donner des espaces aux coopératives de théâtre.  Demain si on donne à chaque créateur, à chaque artiste actif sur le terrain, un espace où il pourra organiser des ateliers, des spectacles, des séances de lecture, faire, en d’autres termes, un travail artistique de proximité, ça sera vraiment un pas vers l’avant très important.

Que peut apporter une compagnie à un artiste ?

Elle peut beaucoup apporter aux artistes. La plupart des artistes qui ne sont pas salariés au théâtre, ne travaillent pas, parce qu’ils n’arrivent pas à trouver une plateforme, un encadrement.  Il leur est difficile administrativement parlant de créer des compagnies ; pour un artiste, une compagnie se présente comme un nid, un lieu de travail et d’expression. C’est très important qu’un artiste soit encadré et soutenu par des micro-entreprises pour créer cette dynamique de commercialisation du produit théâtral. Dans ce métier, il n’y a pas seulement que la création, il y a aussi la commercialisation. Il faut apprendre à générer de l’argent pour financer d’autres projets artistiques.

Justement, en l’absence d’un marché du théâtre, une compagnie pourrait-elle survivre ?

Ce marché du théâtre, c’est nous-mêmes. Aux  artistes de le mettre en place. C’est avec l’effort collectif qu’on peut créer un marché culturel. S’il y a que les théâtres publics qui fonctionnent et que quelques compagnies qui arrivent à faire des spectacles, il n’y aura pas de marché, sauf  si on libère le secteur et on l’ouvre aux indépendants. C’est très important la liberté, c’est d’autant plus important de libérer le théâtre. Les coopératives et compagnies indépendantes contribuent effectivement beaucoup à créer un marché théâtral ; c’est d’ailleurs la solution pour qu’on voit l’émergence d’un théâtre dynamique et créatif, un théâtre florissant. Il faut investir sur les ressources humaines pour arriver à créer une économie culturelle.

Yacine Idjer

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