Mourad Senouci, directeur du TROran : Conserver, perpétuer l’héritage alloulien
Le directeur du Théâtre régional d’Oran (TRO) Mourad Senouci a rappelé que,
lors de la première adaptation en 1993, la pièce “Arlequin des deux
valets” de Carlo Goldoni avait connu un franc succès populaire, mais
essuyé de la part de certains critiques de théâtre des réflexions sur
Abdelkader Alloula, estimant qu’« il avait remis en question toute son
expérience parce qu’il est sorti du concept de la
« halqa » et retourné au théâtre classique ».
« Isolés, mais nous faisons partie de l’humanité » Lors du
débat qui a suivi la pièce mise en scène par Ziani Chérif Ayad d’après
une adaptation de Mohamed Bourahla, Mourad Senouci a expliqué à
l’assistance que les motivations de l’adaptation par Alloula, à
l’époque, de cette pièce, sont toujours d’actualité. La première
raison est qu’en 1993, le monde entier célébrait le bicentenaire de Carlo
Galdoni, Alloula avait alors estimé, au moment où l’Algérie était isolée du
reste du monde, qu’« en tant qu’Algériens nous faisons partie de l’humanité et
c’est de notre droit de participer à cette célébration comme tous les théâtres
du monde ».
« El Halqa », le cercle des poètes retrouvés.
Deuxièmement, Alloula avait aussi écrit que, dans le contexte sanglant de l’époque, il était important que face à la haine, il fallait semer l’amour, la thématique centrale de la pièce, dans le cœur de la jeunesse, en estimant qu’«en 1993, on vivait le sang et la discorde, en opposition, on propose l’amour». Le troisième point mis, en exergue par Alloula, est le fait que « la jeunesse n’avait pas de pièces divertissantes spécialement destinées pour elle et il était important de lui offrir des pièces de qualité leur parlent». Donc « il a décidé d’associer à la Comédia dell’arte, le concept « El Halqa », car entre les deux, il y a une petite ressemblance. C’est-à-dire, il existe une similitude entre les deux cas, le public apprend l’histoire du début à sa fin ».« En 2018, après une année de travail au sein du TRO, j’ai proposé ce projet, est ce, de créer une coproduction entre le Théâtre national Algérien et le Théâtre régional d’Oran(TRO), afin de rendre hommage à l’immense travail abattu par le grand et regretté dramaturge Abdelkader Alloula. Sachant qu’il a tant donné pour le théâtre algérien et a sacrifié sa vie ( il a été assassiné, en mars 1994). » soulignera Mourad Senouci. En ajoutant : « nous avons, alors, proposé d’unir le talent des comédiens des deux théâtres. Nous avons contacté Ziani, qui nous a proposé de donner un nouveau souffle à cette pièce en introduisant « El Halqa », afin de rester dans l’esprit de Alloula ».
Cas d’écoles théâtrales
De son côté, le comédien Mahfoudh El Hani a déclaré à propos de la pièce « Arlequin, le valet aux deux maîtres» : « j’ai travaillé dans la première et deuxième version, nous avons essayé d’apporter notre touche dans cette pièce. C’est une expérience qui m’a beaucoup appris, car le metteur en scène a introduit plusieurs écoles théâtrales dans un seul travail. J’espère que nous avons satisfait le public ».